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Survivalisme ou autonomie : quelles différences ?

Je ne sais pas si vous avez remarqué, mais quand les journaux parlent de survivalisme, c’est quand même rarement positif…

Alors vous allez me dire : quel rapport avec Néocampagnard ?
Eh bien, cela ne vous a sans doute pas échappé : dans l’esprit des gens, « autonomie » et « survivalisme », c’est un peu pareil.
Il faut dire que les médias nous aident à faire l’amalgame…

Alors qu’en fait, pas du tout.
Il y a des différences fondamentales entre autonomie et survivalisme, et je vous invite à vous pencher avec moi sur ces différents points, de façon à vous positionner en connaissance de cause.
Alors faisons le point.

A la fin de cet article, vous serez capable, dans une discussion, d’argumenter et de pointer les différences entre autonomie et survivalisme.
Libre à vous, ensuite, de défendre l’un ou l’autre de ces points de vue ; ou les deux car, vous le verrez, ils se complètent plutôt bien, même s’ils s’excluent parfois, mais ils se nourrissent aussi mutuellement à bien des égards.

Vous pouvez aussi regarder ma vidéo sur ce thème.

Autonomie et survivalisme : définitions

Commençons par la définition académique des deux mots, pour être sûr que l’on parle bien de la même chose. On va faire simple, je vous ai pris les définitions données par le Larousse.

Survivalisme : Mode de vie d’une personne ou d’un groupe de personnes qui se préparent à la survenue, à plus ou moins longue échéance, d’une catastrophe (nucléaire, écologique, économique, etc.), à l’échelle locale ou mondiale.
OU
Activité de loisir consistant à apprendre à survivre dans la nature.
=> C’est une très bonne chose, c’est très mignon, mais ce n’est pas l’aspect qui m’intéresse dans cette video car, vous l’aurez compris, quand les médias évoque un « survivaliste », c’est bien de la première définition qu’il s’agit, et non de la 2e.
Autonomie : Capacité de quelqu’un à être autonome, à ne pas être dépendant d’autrui ; caractère de quelque chose qui fonctionne ou évolue indépendamment d’autre chose 

De ces définitions, nous allons tirer 3 éléments importants qui mettront en exergue les points communs et les différences entre l’autonomie et le survivalisme, et je vous donnerai quelques exemples pour que ce soit davantage parlant.

L’indépendance, point commun évident entre autonomie et survivalisme

Le première élément à en tirer, c’est le point commun évident entre les deux, et qui explique l’amalgame qui est souvent fait :

Dans les deux cas, la notion d’indépendance est centrale.
Celui qui est indépendant d’un système, quel qu’il soit, est finalement foncièrement libre.
Libre, non pas dans le sens « il fait ce qu’il veut », car c’est souvent au contraire au prix de beaucoup de contraintes ;
mais libre dans le sens : pas ou peu concerné par les choix politiques locaux, nationaux ou même mondiaux, pas ou peu concerné par la situation économique locale, nationale voire mondiale.
Etc. Vous comprenez le principe.

Sur cette notion de « liberté vs contraintes », je vous renvoie vers ma conférence « Avoir un élevage familial, liberté ou esclavage ? ».

Alors, cette indépendance, elle se manifeste comment ?
Eh bien, dans les deux cas, que ce soit chez le survivaliste ou chez celui qui est en recherche d’autonomie, on n’est pas inquiet face à une difficulté économique au niveau local ou au niveau du pays.

Je vous donne un exemple :
Typiquement, dans les deux cas, nous pouvons voir venir les mois de disette sans être inquiets : notre famille aura de quoi manger et se chauffer pour plusieurs mois.
Le survivaliste, lui, aura accumulé des conserves par exemple, qui lui permettront de subvenir aux besoins alimentaires basiques de tous les membres vivant sous son toit.
Celui qui vit en autonomie, de son côté, aura aussi fait ses bocaux de légumes, qu’il aura produits en quantité à la belle saison, il aura aussi ses poules pour avoir des œufs et de la viande, etc.

Donc autant pour le survivaliste que pour la personne autonome, une pénurie alimentaire de quelques mois au niveau de la société n’est pas un problème, ça a été anticipé.

Vous comprenez donc aisément l’amalgame qui est fait dans les médias et probablement dans la population, globalement : dans les deux cas, on a affaire à des personnes un peu hors système, dans le sens où les problèmes de la société les touchent assez peu.

Dans le cas d’une famille capable de vivre en autonomie, ce détachement des problèmes économiques du pays peut même la mettre à l’abri pendant plusieurs années, puisqu’elle produit en continu, et donc renouvelle son stock régulièrement, un peu comme un puits sans fond. Le travail du potager et de l’élevage familial étant la base de l’autonomie alimentaire.
Ce qui n’est pas le cas du survivaliste qui, tout prévoyant qu’il puisse être, finit forcément à un moment donné par arriver au bout de ses réserves (qui, par définition, s’épuisent). Ceci étant, le survivaliste est normalement capable, après une première étape de consommation des réserves, de se débrouiller avec très peu.

Autonome et survivaliste : qui voit le plus loin ?

Et cela nous amène au 2e élément à bien comprendre quand on parle d’autonomie et de survivalisme : la notion de longue durée ; ou pas.

Je vous rappelle que le premier élément était un point commun évident entre les deux : l’indépendance.

Le 2e point à bien comprendre est au contraire une différence fondamentale entre survivalisme et autonomie : la notion de durée, de temps qui passe.

La notion de survivalisme est liée à la survenue d’une catastrophe :
une catastrophe économique,
une catastrophe politique,
une catastrophe nucléaire,
une catastrophe naturelle,
etc.
C’est donc une démarche pensée pour une situation d’urgence.
Ça permet de tirer son épingle du jeu et de faire le dos rond en attendant des jours meilleurs.
Dans le mot « survivalisme », on entend le mot « survie ». Ce n’est pas rien !
Le but du survivalisme est de pouvoir survivre, et non de vivre une vie paisible sur la durée.
Alors vous me direz, dans une situation de crise et de chaos, c’est déjà pas si mal, de survivre. Sauver sa peau, c’est juste la base si on veut faire partie de ceux qui s’en sortent à la fin de l’histoire. Mais ça reste un point de différence fondamentale avec l’autonomie.

L’autonomie vise l’indépendance, on est sur du temps « long ».
La famille qui vit de façon autonome n’est pas dans l’attente d’un événement catastrophique, quel qu’il soit. C’est un mode de vie, et non de survie.
Pour autant, un état de crise ne l’inquiétera pas : même si ce n’est pas son objectif premier, l’indépendance dont jouit une famille autonome la protège d’une éventuelle pénurie alimentaire ou énergétique, pour ceux qui ont mis en place un système de chauffage et d’alimentation en eau.

Est-ce que vous commencez à voir ce qui diffère entre autonomie et survivalisme, dans l’état d’esprit ?
Pour que les choses soient plus claires pour vous, je vais vous prendre l’exemple tout simple. Exemple que je tiens d’un ami, Frédéric, qui se reconnaîtra je pense : c’est lui qui m’a ouvert les yeux sur cette différence fondamentale entre survivalisme et autonomie.

Donc, pour vous donner un exemple :
Être en mesure d’allumer un feu est un besoin assez basique dès lors que l’on essaie d’être indépendant : que ce soit en plein air ou pour mettre en route une cuisinière à bois à l’intérieur de la maison, allumer un feu, c’est juste une compétence de base.

Pour cela, le survivaliste aura probablement tout intérêt à faire un stock de briquets « style BIC » : c’est un objet très pratique, qui est petit, facilement transportable, et qui ne craint pas l’eau : et c’est d’ailleurs bien là son avantage majeur.
Ça ne coûte pas cher, c’est très fiable, impecc ! Probablement l’outil de base du survivaliste.

Pour celui qui aspire à l’autonomie en revanche, le briquet n’est pas l’objet rêvé.
Je vous rappelle que dans une recherche d’autonomie, il y a une recherche de longue durée, de vraie vie (et non pas de survie) et donc, inévitablement, d’un certain sens de l’écologie ; ou d’un sens certain…
L’autonome cherche à retrouver sa juste place dans un écosystème pour le moins malmené.
Donc dans cet esprit-là, un objet en plastique qu’il faut racheter régulièrement, n’est pas forcément la panacée.
Il sera alors préférable, dans une optique long terme de vie autonome, de privilégier des allumettes, qui ont l’immense mérite d’être en bois, donc nettement plus écologiques que des briquets, ou d’autres systèmes plus autonomes encore, comme la pierre à feu.
Ça pourra faire l’objet d’un autre article si ça vous intéresse.

Autrement dit, au-delà du point commun évident entre survivalisme et autonomie, à savoir l’indépendance par rapport à un système donné, on voit bien qu’il y a une différence majeure d’état d’esprit entre les deux : le premier étant tourné vers la survenue d’une catastrophe, alors que le 2e a une vision beaucoup plus long terme.

Survivalisme et autonomie dans notre société

Cela nous mène au 3e élément pour bien comprendre ces deux termes : puisque l’état d’esprit est très différent, ces deux modes de vie se fondent-ils de la même façon dans la société ?

Alors, survivalisme Autonomie ?

On ne va pas de mentir, le survivalisme n’est pas très bien vu aujourd’hui dans notre société.
La raison officielle est le manque de discernement de certains survivalistes qui se font tristement connaître lors de faits divers dramatiques, généralement en lien avec l’utilisation d’armes.
Ces tragédies ne peuvent évidemment pas rendre sympathiques les personnes qui sont dans cette mouvance.
Alors que, clairement, ce n’est pas parce que certains sont cinglés que tous les survivalistes doivent être mis dans le même panier.
Mais bon, c’est l’image qui en est donnée dans les médias, et c’est celle qui marque les esprit.
Ça, c’est donc la raison officielle qui nous rend assez peu enclins à les aimer, bien évidemment.
Je pense pour ma part qu’il y a une autre raison pour laquelle il est dans l’intérêt de nos gouvernements de les montrer du doigt : ils sont hors système. La politique de la peur ne les atteint pas. Ils ne craignent pas les restrictions, ils ne craignent pas les pénuries. Ils sont prêts à affronter des situations compliquées, et de ce fait ne sont pas du tout disposés à renoncer à leur liberté pour garder leur confort. Ils s’en fichent de leur confort, ils ne sont donc pas malléables.
C’est peut-être une interprétation erronée, mais c’est ainsi que je le ressens.
Ils ne rentrent pas dans les cases, et de ce fait, dérangent.

De leur côté, les personnes qui tendent vers un mode de vie autonome se font plutôt oublier. Elles n’ont pas cette couverture médiatique négative et sont donc, de fait, moins connus au sein de la population.
Pour autant, je ne suis pas convaincue qu’elles soient mieux perçues par ce qu’on appelle dans le langage courant « le système ».
Pourquoi ?
Eh bien parce que, ces gens-là aussi, sont relativement peu concernés par d’éventuelles restrictions, d’éventuelles pénuries. Eux non plus ne sont pas faciles à effrayer, eux aussi peuvent facilement tourner le dos à la société s’ils ne s’y retrouvent plus.
Et c’est d’autant plus vrai que la famille autonome travaille, certes, à son autonomie alimentaire, mais probablement aussi à son autonomie énergétique, en étant ancrée sur sa terre.
En ce sens d’ailleurs, on notera que le survivaliste est bien mieux préparé que l’autonomiste en cas de catastrophe naturelle, notamment s’il faut fuir rapidement un lieu. Dans ce cas très précis, la famille autonome perd tout.

Mais pour ce qui est de l’intégration des personnes autonomes dans la société, c’est quand même compliqué.
Non pas qu’il s’agisse de personnes asociales, loin de là !
Mais la recherche d’autonomie est quasiment un travail à temps plein, difficilement compatible avec une autre activité professionnelle, tout simplement parce que les journées ne font que 24 heures pour tout le monde ! Les autonomes se retrouvent bien souvent à être « dans ce monde » mais pas « de ce monde ».

Pour autant, si l’autonome, lui, développe la capacité à n’avoir besoin de personne (ou du moins s’il y tend) pour ses besoins vitaux (notamment alimentation, énergie), il ne renie pas pour autant la société ; au contraire, il aura tout intérêt à y créer un réseau local : l’autonomie est rarement accessible seul.
Et d’ailleurs, serait-ce souhaitable dès lors que la vision porte sur du long terme ?

Voilà pour le 3e élément dont il faut être conscient : l’inclusion ou l’exclusion des uns et des autres dans la société ne se fait pas de la même manière, mais il faut dans les deux cas avoir un caractère bien trempé, ça, ça reste invariable !

Ce qu’il faut retenir de l’autonomie et du survivalisme

Donc, pour être sûr que nous parlions bien de la même chose avant que je vous donne mon point de vue personnel sur la question :

Le survivalisme et l’autonomie
Ce sont sans conteste deux réalités
Qui sont viscéralement éprises de liberté
Qui font clairement partie des insoumis.

Le survivaliste est largement préparé
à faire face à toute situation, à une urgence
Tout part en vrille, c’est la décadence ?
S’il y a une catastrophe, il n’est pas apeuré.

L’autonome, lui, a une vision long terme,
Il trouve sa place dans un écosystème,
avec des ressources alimentaires et énergétiques
en fonction de considérations écologiques.

L’un et l’autre jouissent d’une certaine liberté,
Celle de ne pas dépendre du gouvernement, de la société
Eux qui pourtant n’aiment pas ce genre de profils
De gens qui s’en fichent, de façon plus ou moins subtile.

Pour ma part, je suis clairement dans une recherche d’autonomie, tout simplement car j’ai une vision profondément optimiste, je suis animée d’une volonté de transmettre, de transmettre à mes enfants, à ma lignée.
Vous l’avez compris, ma vision est indéniablement une vision long terme.

Mais j’attire votre attention sur le fait que, finalement, l’autonomie telle que je la conçois n’est ni plus ni moins que le mode de vie normal de nos grands-parents : prévoyance, prévoyance, prévoyance !
Et cela ne peut se faire que dans le monde rural, dans un espace qui peut nous nourrir et nous inclure dans un écosystème.
Mais il n’y a rien de passéiste dans ma position, on peut vivre avec son temps, aussi, évidemment ! Je suis bien contente d’avoir l’électricité chez moi (même s’il va falloir que je voie comment atteindre l’autonomie énergétique à ce sujet, ce qui n’est pas du tout le cas aujourd’hui).

Pour autant, il ne me semble pas idiot d’avoir quelques notions de survivalisme pour le court terme : la situation que nous vivons actuellement n’est probablement que le début d’une période chaotique avec des problèmes d’électricité qui sont déjà annoncés, de possibles émeutes, etc.
Partant de ce constat, je n’hésiterai pas à jeter un œil du côté des survivalistes qui, clairement, ont une longueur d’avance sur la plupart d’entre nous.

En cas de gros problème économique comme on peut s’y attendre, ils s’en sortiront mieux, à bien des égards, que la plupart de nos compatriotes. Ils méritent donc tout notre respect et nous avons beaucoup à apprendre d’eux.

Mais je les encourage, maintenant qu’ils sont prêts à faire face à une difficulté soudaine, à travailler sur le long terme et « l’après catastrophe ».

Les priorités, aujourd’hui, pour tout néocampagnard :

Il faut déjà être capable de traverser la crise ;
Après la crise, il faudra encore être debout ;
Il faudra être debout pour reconstruire ;
Reconstruire pour nos enfants, et les enfants de nos enfants ;
Et nos enfants connaîtront ainsi, je l’espère, la véritable écologie.

N’est-ce pas ?
En attendant, si vous vivez encore en ville, dans un confort dont vous ne vous rendez même plus compte, je vous propose de regarder ma vidéo postée le 11 novembre, sur notre capacité à vivre à la dure.
Vous me direz si ça vous parle !

par | Avr 28, 2021 | Non classé | 0 commentaires